J'avais beaucoup de réfugiés Sri-lankais entre 2005 et 2010, en raison de la guerre civile qui faisait des ravages au Sri Lanka.
Il y a une assez grande communauté tamoule ( et indienne) à Paris, pour ceux qui connaissent, petit clin d'oeil à la Gare du Nord et aux rues avoisinantes ;)
Drapeau tamoul de la confédération tamoule mondiale, il est écrit : "Chacun appartient à notre famille, partout est notre foyer" |
Les Tamouls sont un peuple vivant majoritairement dans l'État du Tamil Nadu (signifiant littéralement "pays des tamouls") en Inde et au nord-est du Sri Lanka. Leur langue est le tamoul, dont l'histoire remonte à deux millénaires. On trouve des communautés d'origine tamoule dans plusieurs parties du globe. Les Tamouls sont principalement hindous, mais comptent d'importantes minorités chrétiennes et musulmanes.
Beaucoup on fuit le conflit ethnique du Sri Lanka, d'où une vague de migrants massive, en Amérique du Nord, Australie et Europe. La guerre civile a fait beaucoup de victimes parmi les civiles, du fait de l’opposition entre les forces du gouvernement et celles des Tigres LLTE ( Liberation Tigers of Tamil Eelam). L'organisation centralisée a mené les Tamouls à la conviction croissante qu'ils faisaient l'objet de discriminations de la part de la majorité cingalaise. Un cessez-le-feu, effectif depuis 2002, a été rompu en août 2006 sur fond d'explosion de bombes et d'obus provenant des deux camps.
En 2009, le leader des Tigres,Velupillai Prabhakaran, a été tué par l'armée sri-lankaise, la guerre civile s'est terminée avec la défaite totale des combattants indépendantistes.
En 2009, les Tamouls représentent 18 % de la population du Sri Lanka, soit 3,8 millions de personnes.
C'est ainsi que beaucoup d'entre-eux ont bénéficié du statut de réfugiés et ont eu accès à un programme d'intégration au sein de notre pays.
Une de mes stagiaires, sri lankaise, pratiquait le Bharatanatyam, la danse classique avec positions des mains compliquées, les yeux qui roulent (c'est impressionnant à voir), petite explication (merci Wikipédia):
"La danse classique dominante chez les Tamouls est le Bharatanatyam. La danse Bharatanatyam, dont l'apprentissage est très difficile et très long, est un spectacle, exposition d'une histoire racontée par une chanson, dansée traditionnellement par une seule personne sur scène, accompagnée d'un orchestre de tambours, un bourdon, et, en arrière-scène, un ou plusieurs chanteurs. L'histoire est racontée au travers d'une combinaison compliquée de Mudrās (positions des mains, ayant une signification), de jeux de physionomie, et de diverses postures strictement codifiées"
Pour en revenir à Diwali, ou plutôt à Dipâvali chez les Tamouls. Dipâvali est probablement la plus grande fête au niveau national en Inde. Cette fête est célébrée par tous les gens quels que soient leurs niveaux dans la société, des Himâlayas au nord au Cap Kanyakumârï à la pointe sud de l'Inde.
C'est aussi l'une des plus importantes fêtes du calendrier tamoul. C'est un grand jour pour les nouveaux mariés car le couple est invité chez les parents de la femme où ils célèbrent leur premier Dipâvali après le mariage. Le mari reçoit de nombreux cadeaux. Les garçons font exploser des pétards toute la nuit et les filles reçoivent en cadeau des bracelets et des rubans. Tout le monde s'offre des sucreries.
LE BAIN
Les bains sont toujours associés aux fêtes en Inde, et plus particulièrement dans le Tamil Nâdu qui se situe dans la zone intertropicale. Pour toute fête de temple, il y a un bain, tirthavâri, le dernier jour où la statue métallique symbolisant la divinité scellée dans le temple, est amené à la rivière ou au bassin du temple et y est baignée cérémonieusement. Mâsi magham est dévoué à un bain de mer alors que âdi-perukku est pour le bain de rivière. De la même manière, Dîpâvali, bien qu'étant la fête de la lumière (dîpa : lampe, âvali : rangée) est célébrée à l'aube par les Tamouls par un bain d'huile, de noix de coco.
Dipâvali arrive le quatorzième jour de la quinzaine lunaire sombre où la lune décroît, dans le mois tamoul d'Aïppasi (octobre-novembre). Le jour suivant est la nouvelle lune, amavâsya ou amavâsai, pour lequel un bain rituel est prescrit.
En plus du bain, les membres de la famille doivent porter de nouveaux habits ce jour-là. La troisième chose importante à faire est la préparation et la dégustation de gâteaux et de sucreries. Les choses ayant évolué, les pétards sont devenus une tradition pour les plus jeunes.
Chaque partie de la fête a son importance. A moins qu'il y ait eu un deuil, toute la famille prend son bain d'huile. L'utilisation du sikkay (poudre de la noix à savon) pour éliminer l'huile des cheveux et du corps est une invention moderne.
Les ruraux utilisent plutôt la poudre de la noix iluppai, obtenue après avoir retiré l'huile des graines, car c'est un bon produit pour éliminer l'huile du corps. Iluppai est aussi utilisé pour éliminer la raideur dans les articulations chez les personnes âgées.
UNE FÊTE POPULAIRE
Dans les familles rurales, Dipâvali est non seulement une fête populaire mais aussi communautaire. La veille au soir, des cadeaux sous forme de riz, d'huile, et de savons, de vestis et de serviettes sont faits aux artisans du village, ainsi que les paysans pauvres, le coiffeur, le charpentier, le maréchal-ferrand, etc. Les femmes des travailleurs agricoles reçoivent de nouveaux saris. Ainsi le jour du Dipâvali, personne dans le village , même les plus pauvres peuvent prendre un bain d'huile et de porter de nouveaux vêtements.
Les bains avant le lever du soleil sont considérés comme aussi méritoires que celui que l'on pourrait faire dans la Ganga, d'où son nom Gangasnânam.
LES HABITS NEUFS
Dans le passé, en Inde, les gens vivaient pour atteindre certains buts dans la vie mais certaines choses étaient primordiales : manger et s'habiller.
Tout comme la nourriture était dédiée à Dieu, de même les habits étaient aussi offert au Suprême avant d'être portés. A cette époque-là, beaucoup de gens avaient le strict minimum pour s'habiller correctement. Ils s'achetaient une paire de saris ou de vestis pour toute l'année car le linge n'avait pour but que de se couvrir le corps, pas pour la mode ou montrer sa richesse.
Juste après le bain, la mère de famille allume une lampe et invoque le Seigneur Vishnou sous la forme de Lakshmi-Narayana ; elle y dépose tous les habits nouvellement achetés en signe d'offrande, de même que tous les gâteaux et les sucreries et ensuite, toute la famille s'habille et partage le copieux petit déjeuner.
LA FÊTE DE LA NOURRITURE
Les jeunes membres de la famille habillés de neuf, se prosternent devant leurs aînés et reçoivent leurs bénédictions avant le petit déjeuner.
Dans les maisons orthodoxes, le petit déjeuner est pris avant l'aube. Il est constitué de plats habituels tels les idlis, dosais, etc., mais en ce jour de fête, une bonne dizaine de gâteaux et de sucreries améliorent l'ordinaire.
C'était une question de prestige, autrefois, pour les populations rurales de faire leurs propres sucreries bien que maintenant beaucoup achètent les gâteaux à la pâtisserie du coin.
Dipâvali qui est une fête annuelle est l'occasion d'exprimer sa joie, d'où la cascade de gâteaux que l'on consomme pendant des jours entiers, ce qui devient une fête inoubliable. Ces gâteaux sont aussi distribués aux travailleurs du village. Il faut savoir que dans le Tamil Nâdou, la moyenne des agriculteurs fait deux récoles annuelles, la première s'appelant "kuruvai "est faite au moment du Dîpâvali et l'autre, " samba ", est faite au Pongal. Ainsi, le surplus de dépenses occasionnées lors de ces fêtes est compensé par les ventes de riz.
LES HISTOIRES
Le jour du Dîpavali est connu comme le Naraka Chaturdasi Dina, en mémoire de l'asura Naraka. On dit qu'il fut la progéniture de Vishnou et Bhudevi lorsque celui-ci s'était incarné en sanglier pour sauver la terre que le démon Hiranyaksha avait caché au plus profond des océans. Narakâsura régnait sur Prâgjyotishapura, " la ville de la lumière de l'est ".
Étant né de Vishnou, il avait donc d'immenses pouvoirs qu'il utilisait malheureusement pour harasser les humains et les dieux. De plus, il avait dérobé la boucle d'oreille d'Aditi, la mère des dieux, ainsi que le parapluie de Varouna le dieu des océans. Les dieux prièrent donc Vishnou pour qu'il les débarassse de la menace de Narakâsura. Le Seigneur descendit sur terre avec Satyabhama, son conducteur de char. Il le tua le quatorzième jour après la pleine lune de ce mois d'Ayippasi, avant l'aube.
Dans sa dernière volonté, Narakâsura demanda que celui qui se baigne rituellement ce jour-là et fait la fête, gagnera le ciel. Son souhait fut accordé et depuis les gens célèbrent ce jour-là sous le nom de Naraka-chaturdasi-snânam.
Il y a une autre signification rattachée à ce jour. L'histoire de Bali est aussi très connue.
Bien que de naissance asurique (non-divine), il fut un grand souverain qui avait acquis le droit de monter sur le trône d'Indra, le chef des dieux, de par ses actions vertueuses et ses austérités. Les dieux implorèrent donc Vishnou de venir à leur secours et d'humilier Bali. Le Seigneur vint donc sur terre sous la forme de Vâmana, un nain. Bali avait alors sacrifié ses biens en les distribuant à qui les lui demandait. Vint alors un nain qui lui demanda trois pieds de terre. Bali accepta la requête. D'un pas, le nain couvrit toute la terre, d'un second pied il couvrit les cieux. Ne manquait que le troisième pied, Bali comprit qu'il ne s'agissait pas d'un nain ordinaire mais du Seigneur Vishnou.
Le souverain offrit sa tête pour que le dieu y posa son pied. Cela veut dire que des deux premiers pieds,Vâmana prenait possession de l'univers externe et qu'avec le troisième pied, il prenait possession du monde intérieur de Bali. C'est cela le plus grand sacrifice : l'offrande du monde intérieur, à savoir son cœur à Dieu.
La plus grande prière de tout dévot est que Dieu entre dans son cœur même s'il doit se mettre à genou et plier la tête.
Telle la merveilleuse histoire de Bali. On dit qu'il continue de régner dans les mondes inférieurs et que Vishnou lui accorda la faveur que tous les mérites des bonnes actions faites sur terre lui reviendrait si les gens ne font pas les libations rituelles le jour d'amavâsai, la nouvelle lune du mois d'Ayippasi, en mémoire de leurs ancêtres. Ainsi une offrande rituelle d'eau à la mémoire des anciens est considérée par les Hindous comme très importante le lendemain du Dîpâvali.
Dîpâvali n'est pas célébrée de la même façon dans le Tamil Nâdou. Les gens près de Madras ne le célèbrent pas avec les nouveaux habits, ils les gardent pour la fête de la moisson ou Pongal. De plus le Dîpa-ârati, la rangée de lampes, est célébrée plus le jour du Kartigai Dipâm que le jour du Dîpâvali. Même le bain d'huile ne semble pas être suivi d'une manière générale surtout chez les habitants du delta de la Kâveri.
De plus chaque Etat de l'Inde a ses fêtes spécifiques : le Tamil Nâdou a son Pongal, le Kerala son Onam, le Mahârâshtra son Ganeshchaturthi, le Bengale sa Durgapûjâ, l'Orissa son Rathayâtra, et le nord de l'Inde son Holi.
Mais Dîpâvali semble la fête populaire de tous les Hindous quelle que soit leur origine.
Le Saurâshtra et le Râjâsthân commencent leur nouvelle année à compter de cette date où les commerçants font leurs bilans annuels et ouvrent de nouveaux livres aprés avoir invoqué Lakshmi, la déesse de la Prospérité et offert de la nourriture et des vêtements aux pauvres.
DIPAVALI A TRAVERS LES AGES
Dîpâvali n'est pas seulement une fête pan-indienne mais est aussi célébré au Népal, en Birmanie, en Thailande, et dans les pays où l'Hindouisme a été présent ou est encore pratiqué du fait de l'émigration indienne.
Il semblerait que cette fête a été célébrée en Inde depuis la nuit des temps et qu'elle serait même une fête pré-aryenne. On trouve sa trace dans certains anciens textes jaïns et hindous.
Dans le sud de l'Inde, il semble que cette fête ait eu du succès sous le règne des empereurs de Vijayanâgar. Un texte du XVème siècle, l'Akshabhairava Kalpa, décrit la célébration par le souverain d'alors ; il mentionne le bain rituel, les habits neufs, la nourriture riche, les feux d'artifice et les rites au temple. Un texte sanskrit du XVIIème siècle dit même que les pétards servent à illuminer le chemin des ancêtres pour qu'ils visitent la maison de leurs descendants. Probablement, les pétards et les feux d'artifice viennent de Chine tels que le suggère le mot tamoul " sinavedi ", " pétard de Chine " tel qu'il est encore connu dans certains villages du Pays Tamoul.
Aucune mention du Dîpâvali dans les anciens écrits tamouls de l'époque pré-Sangam et Sangam. Ce n'est seulement qu'à partir du XVIème siècle que nous trouvons des références sur le Dîpâvali dans le Tamil Nâdou.
DIPAVALI DANS DIFFERENTES REGIONS
Dans le Karnataka, Etat voisin du Pays Tamoul, les gens croyent que Lakshmi demeure dans l'huile et Gangâ dans l'eau. Ce jour-là, ils préparent deux récipients : l'un contenant l'eau, décoré de fil jaune et de koumkouma, et l'autre contenant l'huile et un peu de poivre, coloré au safran (curcuma). Il y a des chants spéciaux pour le Dipâvali. Le jour après la nouvelle lune, amavâsai, s'appelle Bali pattimai, où l'on observe un jeûne spécial en l'honneur de Mahâbali.
Le Kérala a enrichi la littératire du Dipâvali par l'histoire du roi qui avait trois filles. Les deux premières étaient des hypocrites qui faisaient croire au roi qu'elles l'aimaient. Celui-ci maria sa troisième fille à un pauvre brâhmine. Ce dernier ne devait jamais rentrer chez lui le soir les mains vides. Un jour qu'il n'avait rien gagné, il ramena un serpent mort que son épouse jeta sur le toît de leur case. Un aigle qui avait volé le collier de perles favori du roi l'échangea contre le serpent. La fille ramena le collier à son père et lui demanda en échange que le jour du Dîpavali, aucune lampe ne doit briller dans son royaume. Il accepta mais Lakshmi qui rend visite aux foyers ce jour-là, ne trouva qu'une seule maison où la lumière brillait.
Elle fit donc pleuvoir la richesse sur la case de la pauvre princesse qui fut ainsi réconciliée avec son royal père. Depuis ce jour, les gens du Kérala allument des lampes pour accueillir la Prospérité, Mahâlakshmi.
Une fête très importante, appelée Tiruvadira, a lieu à cette époque de l'année au Kérala, dont les acteurs principales sont les femmes.
Dans d'autres endroits de l'Inde, la fête dure trois jours. Le premier jour est le Naraka Chaturdashi. Le second jour est la nouvelle lune, amavâsya, dédié aux défunts et le troisième jour est plus important pour les Hindous du nord de l'Inde que pour les Tamouls. C'est la célébration du couronnement du roi Vikramâditya de la dynastie Gupta en 57 après J.C.
Le Dipâvali est aussi la célébration du retour du prince Râma à Ayodhya après 14 années d'exil tel que cela est décrit dans le Râmâyana.
SIGNIFICATION DU DIPAVALI
Dîpâvali ou rangée de lampes peut avoir une signification ésotérique pour les Tamouls hindous.
Le mot tamoul pour une petite lampe est ahal. Le verbe ahal signifie éliminer l'obscurité et surtout l'ignorance spirituelle.
Pour l'Hindou ordinaire, le Dîpâvali est seulement la destruction de Narakâsura ou le retour de Râma à Ayodhya.
Si nous recherchons plus en profondeur nous voyons que Naraka signifie " enfer ". Il représente ici l'homme, fils de Dieu, qui qui transgresse les lois de la terre pour la dominer par des moyens asuriques.
Cette année, Dîpâwali ou Diwali seront célébrés du 11 au 15 novembre.
Bonne Fête de la Lumière!
Que la Lumière brille dans vos cœurs et dans vos âmes et illuminent votre vie!
Joyeux Diwali!
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