lundi 30 mars 2020

Nigella Sativa et folles rumeurs...


Habba sawda : ce nom ne vous dit rien ?

 C’est le terme arabe qui désigne communément la graine de nigelle explicitement mentionnée dans une tradition prophétique (hadith) pour ses effets thérapeutiques uniques. Très en usage dans le monde arabe, la plante de nigelle est pourtant utilisée depuis la nuit des temps.

C’est peut-être l’une des graines les plus utilisées dans les pratiques médicales depuis l’aube de l’humanité. Mentionnée dans l’Egypte pharaonique notamment sous le règne de Néfertiti, abondamment utilisée dans la médecine ayurvédique indienne dans laquelle on la connait sous le nom d’huile de Kalinji, centrale dans la médecine prophétique de l’islam, la graine de nigelle a fait le tour du monde et de l’histoire pour ses vertus thérapeutiques.



La plante de nigelle, un remède universel

« Soignez-vous en utilisant la graine de nigelle -habba sawda- c’est un remède contre tous les maux à l’exception de la mort ». Ce hadith est très célèbre dans la communauté musulmane et son application très répandue. 

 Il faut savoir que la graine de nigelle se retrouve aux quatre coins des civilisations. Les Sumériens l’auraient déjà utilisé il y a sept mille ans, tout comme les Chinois. L’Egypte des Pharaons n’est pas en reste : les soins du visage et de la peau passaient par le beurre de karité et l’huile de nigelle comme en témoigne les découvertes autour de la tombe de la reine Néfertiti. La Bible la mentionne également sous le terme de « poivrette ». A travers sa popularité dans le monde musulman, on la retrouve sous diverses appellations dans le monde arabe : habbat al-baraka (la graine bénie) en Egypte, al-kamoun en Libye, al-qahta au Yémen, al-sanouj au Maroc et en Algérie, al-shouniz en Iran. En Inde, on la connait sous le nom d’huile de Kalinji. Quant aux Latins, ils l’appelaient Nigella sativa. A travers le monde, on ne dénombre pas moins d'une soixantaine de noms communs.





Faits historiques :




Elle était le « Chanquit » des anciens Egyptiens. Elle est citée dans leurs papyrus comme un médicament pour les maladies pulmonaires et pour la toux. On pense qu’elle a joué un rôle important dans les coutumes de l’Egypte ancienne puisqu’on a retrouvé des graines de Nigelle dans la tombe de Toutânkhamon, pratique utilisée en général pour aider le roi dans « l’au-delà ».

La première référence à la Nigelle se trouve dans le livre d’Isaïe dans l’Ancien Testament où il est écrit que la sagesse du cultivateur sachant planter et battre ses semences (Nigelle, Cumin, Blé, Orge et Millet) selon l’exigence de l’espèce, est à l’image de la sagesse de Dieu dans la conduite de son peuple.


Les Romains l’ont découverte lors de leur expansion en Orient et l’ont importé en Europe. Elle fut utilisée depuis l’antiquité jusqu’au XVIIIème siècle, puis peu à peu, a été délaissée.

Dans le monde arabo-musulman, il semble que Nigella sativa était connue des Arabes notamment du VI et VIIème siècle. Le prophète Mohamed lui-même en connaissait les vertus médicinales, qu’il apprécia jusqu’à la recommander à sa communauté. Ce dernier a dit «Soignez-vous en utilisant la graine de Nigelle, c’est un remède contre tous les maux à l’exception de la mort ». L’un de ses disciples, Ibn Atîq, avait utilisé les graines de Nigella sativa macérées dans l’huile d’olive. Cela servait à guérir les éternuements en salves qui accompagnaient la grippe.

N. sativa fut utilisée dans la médecine empirique jusqu’à l’apparition de la médecine actuelle héritée des civilisations précédentes (grecque, hindoue, chinoise, etc.). Les médecins arabo-musulmans se sont intéressés à elle, comme le célèbre médecin Avicenne (Ibn Sina 980-1037). Depuis, elle a occupé une place importante dans la médecine traditionnelle arabo-musulmane.



N. sativa a souvent été saluée par les pères de la médecine moderne. Dans « Le canon de la médecine » d’Avicenne il est dit « …Le cumin noir stimule l’énergie du corps et aide à récupérer de la fatigue ou du découragement ». Dioscoride, lui, a utilisé cette plante pour traiter une variété de maux. Hippocrate, quant à lui, l’utilisait contre les affections hépatiques et digestives. 




Le KitabAl Qanûn fi Al-Tibb :  ouvrage encyclopédique de médecine médiévale rédigé en arabe par Avicenne médecin et scientifique persan du XIe siècle, achevé vers 1020. Cet ouvrage est considéré comme l'un des plus importants ouvrages écrits en médecine.


Au Moyen-Age, en France, la nigelle était utilisée tant pour ses vertus médicinales que comme condiment. On l’utilisait contre les flatulences, la diarrhée, les troubles de l’estomac et des poumons, pour traiter la jaunisse, comme diurétique, galactogène chez la femme allaitante. Elle figure sous le nom de Gith à l’article 70 du CapitulaireDe Villis.
Un peu oubliée en Europe, au Maghreb, au Proche et Moyen Orient c'est définitivement la reine des plantes médicinales.



Les Anglais la nomment Black seed, Black cumin, Black caraway, Common Fennel flower, Nutmeg flower, Romain coriander. 

En France, nous la retrouvons sous les noms de Nigelle cultivée, Nigelle des jardins, Nigelle de Crète, Nielle, Nielle du Levant, Nielle romaine, Cumin noir, Faux cumin, Quatre-épice, Tout-épice, Sésame noir, Herbe aux épices, Poivrette et Cheveux de Vénus



(NDA : Capitulaire De Villis : acte législatif datant de la fin du VIIIe siècle où Charlemagne y édicte un certain nombre d’ordres et de recommandations pour les gouverneurs de ses domaines. L’article 70 énumère 94 plantes qui doivent être cultivées dans les domaines du royaume.)

 A partir de 18ème siècle, elle fut oubliée et la Nigelle devint alors une plante ornementale.

Au début des années 1960, l’intérêt perdu pour N. sativa revient avec les travaux d’AlDakhakhny. Les études mettent en avant pour la première fois plusieurs propriétés thérapeutiques : actions antibactériennes , antifongiques, antihistaminiques.
En 1975, l’équipe d’Al-Fatary met en évidence un premier principe actif retrouvé dans l’huile volatile de Nigella sativa : la thymohydroquinone. Ce premier composant se trouve avoir des propriétés antimicrobiennes.
Concernant ses diverses utilisations, en France nous retrouvons N. sativa vendue principalement sur Internet dans des boutiques en ligne. A titre d’exemple, il y a celle vendue par PRANAROM






D'où vient cette plante ?
La nigelle est une plante originaire du bassin méditerranéen, que l’on retrouve de l’Espagne jusqu’à l’Inde, en passant par le Moyen-Orient.
Son nom vient du terme latin nigellus, qui signifie noirâtre en référence à la couleur noire des graines de nigelle.
Celles-ci sont récoltées et utilisées depuis l’Antiquité pour de nombreux usages, notamment en cuisine et à des fins thérapeutiques.
Des preuves de son utilisation ont notamment été retrouvées durant l’Egypte Antique et la Grèce Antique. En grec, la nigelle était connue sous le nom de melanthion, une contraction entre le terme melas qui signifie noir et le terme anthos qui signifie fleur.
Aujourd’hui, cette fleur aux graines noires est toujours utilisée à des fins culinaires et à des fins thérapeutiques.









La nigelle est une plante qui peut atteindre 45 centimètres en moyenne. Durant l’automne et l’été, la nigelle donne des fleurs dont la couleur varie entre le blanc et le bleu pâle.
Celles-ci donnent ensuite des graines noires mesurant entre 2 et 3 millimètres.
Les graines de nigelle sont grillées ou écrasées pour être utilisées comme épices alimentaires dans l’élaboration de pains, de gâteaux orientaux et d’autres préparations culinaires.
Les graines possèdent une saveur chaude, âcre avec un léger goût citronné. En Asie et au Moyen-Orient, la graine de nigelle est aussi nommée cumin noir.
Les graines de nigelle sont également employées comme remèdes traditionnels depuis plusieurs siècles. Entières ou écrasées, elles peuvent servir à la préparation de décoctions, d’une huile fixe et d’une huile essentielle.

En effet, les graines de cumin noir ont une forte teneur en thymoquinone.
La thymoquinone est un principe actif isolé à partir de Nigella sativa (cumin noir) qui a fait l’objet des premières études dans les années 1960 pour ses activités antioxydantes, anti-inflammatoires, antihistaminiques, antibactériennes et anticancéreuses.
Les propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires ont été rapportées dans divers modèles de maladies telles que l’encéphalomyélite, le diabète, l’asthme.

PROPRIETES MEDICINALES DE LA NIGELLE


 RECAPITULATIF DES PROPRIETES ET UTILISATIONS THERAPEUTIQUES TRADITIONNELLES DE N. SATIVA

Abcès
Acariose
Alopécie
Aménorrhée (Emménagogue)
Asthme
Apoplexie
Avortement
Ballonnements
Bronchite
Calculs rénaux et vésicaux
Céphalée
Chancre
Chlorose
Congestion
Cors
Diarrhée
Douleur
Dysménorrhée
Essoufflement
Fatigue
Fièvre
Flatulences
Galactogène
Gale
Grain de beauté
Grippe
Hémorroïde
Ictère
Impétigo
Infarctus
Infections bactériennes
Infections urinaires
Inflammation
Insectifuge
Intoxications alimentaires
Lèpre
Migraine
Morsures serpents, tarentules
Nausées
Œdème
Paralysie
Piqûres de scorpion
Points noirs
Poux et lentes
Rage
Rhume
Sudorifique
Surdité
Toux
Troubles digestifs
Troubles de l’érection
Troubles hépatiques
Troubles respiratoires
Tumeurs
Ulcères
Verrues
Vers intestinaux
Vertiges
Vitiligo
Vomissements



UTILISATION INTERNE
  • Excellent complément alimentaire, dédié à l'équilibre interne.
  • Nombreuses propriétés curatives : digestive, diurétique, stimulante, antioxydante, galactogène (elle active la sécrétion de lait chez les femmes qui allaitent), analgésique et antiallergique.
  • Stimule le système immunitaire, fait baisser le mauvais cholestérol et prévient l'hypertension artérielle.
  • Une consommation régulière de cumin noir peut réduire le taux de sucre dans le sang et la résistance à l'insuline, ce qui en fait un remède efficace pour éviter les diabètes de type 2. 

UTILISATION EXTERNE
  • Vertus anti-inflammatoires et calmantes de l'huile essentielle.
  • Diminue les maux de tête, les vertiges et les douleurs articulaires en applications locales ou en massages.
  • Soigne les rhumes, les douleurs dentaires (en bains de bouche) et les problèmes de peau (psoriasis, acné, eczéma, brûlures).
  • Traite l'acné ou les problèmes cutanés et améliore le teint.

INDICATIONS THÉRAPEUTIQUES USUELLES
L'action anti-infectieuse de la nigelle permet de traiter les problèmes respiratoires, biliaires et urinaires. Son effet drainant contribue à l'élimination des toxines dans les intestins et les poumons. Ainsi, elle renforce et protège les voies respiratoires contre toutes sortes d'agressions extérieures.
Alors non, non et non, la Nigella Sativa ne constitue pas un remède miracle contre le COVID-19...
Ses principes actifs n'ont pas de lien avec la chloroquine. Elle a pour vertus de stimuler l'immunité et lutter contre les maladies respiratoires, telles les rhinites allergiques chroniques du printemps.
Elle peut constituer un complément à un traitement de fond pour de l'asthme, mais en aucun cas elle ne soulagera une crise d'asthme!!
J'en prends régulièrement depuis plus de 30 ans, ça m'évite de dégainer trop vite ma ventoline ou mon solupred. Mais cela ne remplace en rien un traitement médical qui nécessite l'intervention d'un médecin!!!

Mise en garde :  

L’asthme est une maladie qui peut être dangereuse et mortelle, la nigelle ne soulage pas une crise d'asthme!!
En cas de crise, veuillez prendre le médicament qui vous a été prescrit par votre médecin pour les crises d’asthme. En cas de persistance des symptômes veuillez vous rendre aux urgences les plus proches.

Si vos symptômes s’améliorent avec la prise quotidienne d’huile de nigelle et que vous souhaitez commencer à diminuer votre traitement de fond habituel, merci de ne le faire qu’après avoir consulté votre médecin qui vous connait et qui est donc le plus à même de juger quand et comment doit se faire la diminution du traitement.

De manière générale, ne modifiez ni n’arrêtez jamais votre traitement habituel sans avoir consulté votre médecin.









FAKE NEWS CORONAVIRUS

NON LA CHLOROQUINE N'EST PAS RELIÉE A LA THYNOQUINONE







A l'heure actuelle, face à la pandémie du COVID-19, on voit fleurir un peu partout les plus folles rumeurs sur des remèdes "miracles"


Soit disant le principe actif de la Nigelle, soit la thymoquinone, serait à l'origine de la chloroquine, le traitement ancien contre la malaria et le palud, utilisé aujourd'hui pour soigner les malades à l'hôpital de la Timone à Marseille.


Pr Didier Raoult La Timone Marseille



De nombreuses publications depuis quelques jours, mettent en relation la graine de Nigelle et la Chloroquine, molécule mise en lumière par le professeur Didier Raoult pour soigner les malades du Coronavirus Covid-19. C’est une grossière erreur, et cela peut faire croire à certaines personnes de se soigner avec une molécule inadaptée !










Malgré les bienfaits certes non négligeables de la graine de Nigelle, celle-ci ne provient pas de la même famille que la Chloroquine.

Ne croyez pas tous les bonimenteurs et les remèdes miracles cela n'existe pas!






La thymoquinone est le principe actif isolé à partir de la Nigella sativa qui a fait l’objet des premières études dans les années 1960 pour ses activités antioxydantes, anti-inflammatoires, antihistaminiques, antibactériennes et anticancéreuses.
La Chloroquine est un dérivé synthétique de la quinine qui est un alcaloïde naturel antipyrétique, analgésique et surtout, antipaludique. Extraite du quinquina, un arbuste originaire d’Amérique du Sud, elle était utilisée pour la prévention du paludisme (ou « malaria ») avant d’être supplantée par ses dérivés : quinacrine, chloroquine, et primaquine.
Comme mes parents ont passé une grande partie de leur vie au Maroc et en Algérie, la quinine c’était le médicament le plus banal qu’on donnait aux ouvriers quand ils avaient le palud.









AFFICHETTE DE PROPAGANDE POUR L'USAGE DE LA QUININE Dessin de G. Delbays. Alger, impr. Marcel Léon Coll. L. Cotinat



Propager une fake news sans vérifier la source de ses informations, c'est complètement idiot, mais tellement commun de nos jours, pour les personnes qui aiment se mettre en avant sur les réseaux sociaux et récolter l'attention des autres.


Cela pourrait prêter à sourire, tout au plus à hausser les épaules, mais aujourd'hui cela met en danger la vie des gens.


Sources:




Le Docteur Bassima Saidi a fait ses études universitaires à PARIS VI PIERRE & MARIE CURIE où elle a obtenu un doctorat en biologie, et a collaboré à divers recherches de 1987 à 1995 au sein du CNRS.










 Toppozada, H.H., H.A. Mazloum, and M. el-Dakhakhny, The antibacterial properties of the Nigella sativa l. seeds. Active principle with some clinical applications. J Egypt Med Assoc, 1965. 48: p. Suppl:187-202

El-Fatatry, H.M., Isolation and structure assignment of an antimicrobial principle from the volatile oil of Nigella sativa L. seeds. Pharmazie, 1975. 30(2): p. 109-11.

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