mardi 26 avril 2016

L'appel de la Forêt








Dans les années 90 , lorsque j'ai travaillé à Färgelanda  (Suède, Västra Götaland aujourd'hui, ancien Dasland), je n'étais pas loin du lac Varnen.
Cette période de ma vie correspond à une des plus heureuse et certainement marque le début concret de l'amour des vastes étendues nordiques, comme si cela était dans mes veines depuis toujours. Dès que j'ai posé le pied en ces terres, j'ai su que j'étais, en quelque sorte, de retour "à la maison".
Il faut être là-bas pour le comprendre, pour le vivre et le ressentir.
C'est dans l'air, dans la terre, dans l'eau, ... tout cela constitue une magnifique harmonie. Les forêts immenses, les lacs nombreux, la couleur du ciel, le bruit de la forêt.










Et il y a une mélodie particulièrement belle, sauvage, insaisissable, propre à ces terres, qui m'a marquée à jamais, le kulning ou appel si vous préférez.




Quel joli nom pour ce chant très spécifique, pratiquée par des femmes, à l'origine pour appeler les vaches ou communiquer entre gardiennes de troupeaux à travers les longues étendues de terres.
Kula/ Kulning est spécifiquement utilisé pour appeler les vaches ("ko" en suédois, "ku" en norvégien)
Kula sest un chant sans paroles, basé sur les syllabes  "dee", " do", "oo", "ee", "hoh" et ainsi de suite. Parfois, ce chant peut également contenir des mots réels, en particulier dans le cas d'appels d'avertissement ou de détresse, ou dans les chansons d'élevage.  
À une certaine époque on pouvait rencontrer des formes de kulning ('Kool-ning »- appels des vaches) dans  différentes régions de la Scandinavie et l'Islande, et aujourd'hui  c'est toujours utilisé en Suède, en Norvège et  aussi dans certaines régions des montagnes de l'Oural en Russie.  
Cependant, c'est en Suède où il est le plus répandu, dans les provinces du Bohuslän, Värmland, Dalarna et Uppland.




Les gardiennes de troupeaux (vallpiga ou vallkulla) qui conduisent les bêtes aux prés d'été vivent dans un isolement relatif et utilisent le kulning pour communiquer les unes avec les autres et avec leurs troupeaux, sur de grandes distances
On chante le matin pour lâcher les bêtes, et le soir pour les rappeler. On chante aussi pour se divertir de la solitude des forêts. C'est également un excellent moyen d'effrayer les prédateurs.
Ou bien comme un moyen de communication avec d'autres éleveurs et fäbodar surtout le soir pour signaler  que tout allait bien, que le troupeau était en sécurité à la maison.
Les femmes bergères ont appris cette forme d'art à travers une  tradition orale ininterrompue qui  se poursui à ce jour, transmis d'une femme à une autre à travers les âges.
 Il est difficile de décrire les sonorités du kulning à ceux qui n'en ont jamais entendu.
C'est tellement particulier que lorsque vous l'avez entendu une fois, jamais vous ne l'oublierez.
La mélodie est puissante, perçante, d'une tonalité très claire. Cela ne ressemble pas à une voix humaine, c'est un son sauvage, captivant, magique et rempli de nostalgie.
C'est un son inhumain et strident, fascinant.


 Voici une ligne mélodique:






Une partie du rituel du "Sejur" ( époque viking) (communication avec les dieux, les morts, etc.), était un type particulier de la chanson appelée "Galdr" et qui est similaire au mot gala :  «corbeau ou appel / chant d'une voix forte"
Cela est mentionné dans les anciennes Eddas (manuscrits poétique du 13ème siècle):

 The song [ galdr] was performed loudly in a shrill voice. The music historian sometimes relate the special art of singing that was performed by saeter girls, cattle-tenders in the forest pastures calling home the cows in the far distance, the kulning. A kulning was performed at a special vocal pitch, shrill and piercing, and could be heard over a vast area. This is, however, a pure guess, since we know nothing about the performance of a galdr. (Lund 1994: 38)  

The master of galdr was Odinn himself, also called “ galds fađ ir" . 
The stanza of Hävamal mentioned tells that



"Unđir randir ek gel "("I sing (a galdr ) towards the shield" and later on in the same poem he relates the  following:

Pat kann ek et                                                 I know that for the

Fiórđa/ ef mér fyrđar                                    fourth, if people

bera / bönd at                                                 bind my limbs

bóglimom / svá ek                                          with fetters, then I

gel /at ek ganga                                               chant that I can

má/sprettr mér af                                            walk, loosening

fótom fiöturr / en af                                        the fetter from my

höndom hapt                                                   feet and the chain

from my hands.(Hvm.149)


 

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