jeudi 1 août 2019

La Nostalgie de La Lumière

En référence au titre éponyme du documentaire de Patricio Guzman...


En ce qui me concerne, c'est une mélancolie inhérente à mon être, une partie de moi-même.
Je ne parle pas d'un sentiment dépressif, je parle plutôt d'une période révolue, baignée dans la lumière et certainement cristallisée par mon esprit.
C'est surtout la nostalgie qui me fait écrire aujourd'hui
Je n'écris que très irrégulièrement sur ce blog, quand j'en ai envie et quand j'en ai le temps.
Dans un style "à sauts et à gambades"
Aujourd'hui s'achève un combat que je mène depuis 7 ans..
On me dit que je devrais être soulagée, que je ne vais plus avoir ce fardeau à porter seule, ces combats à mener.
On me dit que je vais pouvoir tourner une page, et me consacrer à des activités "plus normales"
On me dit que je vais pouvoir faire preuve de plus de "légèreté"
Mais tout ce que j'arrive à éprouver c'est une immense nostalgie...
De ce lieu, de cette nature, de cette énergie et de cette lumière
Un temple naturel, une synesthésie incroyable
Dans ma famille depuis des siècles..
Mon Imladris


Comme j'ai pu me plaire à contempler les étoiles, la voie lactée, dans le silence cotonneux de la neige en hiver, interrompu par quelques craquements de gel ou de vieille charpente.
Dans les chaudes nuits d'été, éclairée par un halogène et tirant à l'arc à des heures indécentes...
Perchée sur le bord des combles à 30 mètres de hauteur, en écoutant les chouettes hululer dans la pénombre
A secourir des hérissons égarés, des chamois parfois, des écureuils mes amis espiègles...






Au travaux physiques et durs, de bois, de taille, d'entretien
S'improviser peintre, maçon, électricien, plombier, fermier
La lutte incessante contre une toiture qui se délite inexorablement
Une vie d’ascète, sans eau chaude ni chauffage
Sept ans durant, je n'ai jamais abandonné, aimant plus que tout la liberté que j'avais acquise, étant seule maître des lieux, puisant mon énergie au cœur même de la nature, dans un silence apaisant, loin des bruits de télévision, tablettes, voitures et autres

Etre aussi juriste, avocat, comptable, urbaniste, gestionnaire de société, se battre sur tous les fronts et savoir que de toutes les façons l'issue est déjà tracée, que c'est juste une question de temps.

Aujourd'hui c'est terminé
Et comme une protestation extrême à ce que je suis forcée d’abandonner, une tornade et une toiture de 700 m2 en morceaux, par terre, que j'ai littéralement dû ramasser à mains nues
Une tache titanesque, des proportions démesurées
Personne ne peut soupçonner que derrière mon visage souriant se cache tout cela
Quelques personnes m'ont aidées ces derniers jours et je leur en suis infiniment reconnaissante, mais quelle ne fût pas leur surprise, une fois passé un portail en tôle, d'arriver dans cet espace de verdure, cet oasis insoupçonné et mon Imladris gisant blessé, à la toiture déchirée, aux morceaux de charpente bi centenaire pendant lamentablement et dangereusement dans le vide
La pluie et les infiltrations d'eau achevant le massacre, c'est toute une vie qui s'en va...

"Vous habitiez là?! C'est incroyable, je n'aurais jamais imaginé qu'il y avait un tel endroit ici!"
"Mais comment faisiez-vous?"
"Vous n'aviez que le bois pour vous chauffer?"
"Vous vous en êtes occupée seule tout ce temps?"
La pluie de questions et mes réponses qui ont laissé des yeux incrédules se poser sur moi, puis le silence...
"Bon, aller, on va vous aider à ramasser tout ça..."
Une solidarité s'est mise en place
Même dans des circonstances si tristes, j'ai trouvé cet élan collectif d'une certaine beauté.
Je n'aurais jamais fait connaissance avec ces personnes en temps normal.
En temps normal, je me contente du strict minimum d'interactions sociales obligatoires"
La famille, le travail, les affaires et le reste du temps j'ai toujours été seule, et j'aime cela, je ne supporte pas d'être avec quelqu'un tout le temps.


Ce qui me rend le plus triste?
Quitter mes arbres bicentenaires et savoir qu'un lotisseur vereux va certainement les couper.
Savoir que mon jardin ordinaire va disparaître sous les pelleteuses et tractopelles
Savoir que cet endroit si paisible va bientôt devenir une immense chantier bruyant
Savoir que , comme un ultime refus, comme un dernier soubresaut, ce lieu sacré s'est refusé à tout autre occupant.
J'ai un immense sentiment de culpabilité, une peine infinie face à cette fatalité, face à la destruction que je laisse entrer...
Ainsi sont les lois des Hommes, matérielles, pécuniaires, viles.








Mon Imladris est en ruine
Je l'ai quitté
Me restera la mémoire intérieure, et cette Lumière, cette vibration.













Et maintenant je suis "en errance"
Je songe à ce voyage à l'Ouest, et pourquoi pas?
Mais je m'accroche encore à cette nature incroyable, comme un enfant qui réclame "encore 5 minutes" avant de partir se coucher
J'ai encore tant de choses à voir en Arda
Tant de personnes "à retrouver"
Des êtres chers
Des souvenances des Ages Anciens
Une personne quelque part qui pour le moment n'était pas prête à vouloir ouvrir la porte du souvenir
Je n'ai pas insisté, je me suis repliée derrière la porte, en attente
Le temps n'est pas le même pour nous Elfes
Les rencontres et retrouvailles qui doivent se produire finissent toujours par arriver.
Le temps est existentiel uniquement pour les Atanis, c'est une structure de leur esprit, ainsisont les choses de leur monde, éphémères, temporelles et changeantes. 
Elle n'ont qu'un temps, et elles s'acheminent vers le néant. Ce n'est donc pas en elles qu'il convient de se fixer.

Pour les Eldar , ce n'est pas le même concept, le temps a une valeur eschatologique , intimement liée à Arda dans son entier





Namárië!











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